Une folle journée
Lundi 22 janvier 2007. 07h 03. C’est Télé Émotion qui la première annonce la terrible nouvelle : L’ancien député MRP Henri Drouès est mort ce matin à 5h 25 à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris d’une infection pulmonaire.
07h 55. S’étonnant que la nouvelle ne soulève pas davantage les foules, Télé Émotion précise dans un flash d’information : ce n’est pas le député qui est mort ce matin, mais l’Abbé Henri Grouès. Veuillez excuser cette confusion.
8h 23. La réaction est molle, la concurrence n’accroche pas. Alors, Télé Émotion enfonce le clou : L’Abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, est mort … Aussitôt un tsunami de réactions s’abat sur notre bonne terre de France, de Chirac bouleversé à Giscard tétanisé, en passant par tout ce qui veut dire son mot dans les médias.
10h 15. Les écuries présidentielles sont excitées. La Royale hurle « il avait raison de secouer les politiques ». Le Sarko essaie de couvrir sa voix en hurlant plus fort « il était la voix de l’insurrection ».
13h 05. Le Vatican se tait. Tous ceux qui ne l’ont jamais vu ni connu courent parler de lui en veux-tu en voilà dans les petites lucarnes hexagonales. Lambert Wilson ne sait plus où donner de la tête. Dieu contemple la comédie humaine.
Soirée. Les émissions spéciales se multiplient sur toutes les chaînes :
- C dans le ciel : « Quand va-t-on enfin canonisé le Saint ? ». Ses meilleurs amis témoignent : Roland Cayrol, Président de l’Institut de sondage CSA, Johnny Hallyday, interprète de Oh Marie, René Garaudy, écrivain révisionniste, Benoît XVI, théologien (ou son représentant).
- Question pour un héros : « Spécial Paradis ».
- Maux des croisés : « La cause des pauvres ».
Mardi 23 janvier 2007. Les journalistes rangent les cassettes du célèbre appel de février 1954. Plus d’un demi-siècle ! Les arrières-petits-enfants de Don Quichotte ont un bel avenir devant eux.